Mieux comprendre la passion des supporters de foot

Dans son livre « Iedereen supporter? Het groepsvirus in ons brein », (Tous supporter ? Le virus du groupe dans nos têtes) Filip Boen décrit ce que signifie être fan. En tant que fidèle supporter du Beerschot, il a vécu les hauts et les bas de son club, mais rester fidèle à son club demeure pour lui la chose la plus importante. 

Son amour pour le club a commencé lorsque le Beerschot a remporté la Coupe de Belgique en 1979. Il portait alors son écharpe mauve avec fierté. Mais le Beerschot, s'est bientôt retrouvé dans de sales draps, il y a eu une affaire de pot-de-vin et l'équipe a été reléguée en deuxième division. En tant que jeune supporter, Filip a alors été soumis à rude épreuve. Ses anciens amis et co-supporters ont rapidement déserté le club pour les équipes les plus performantes du moment. Reste-t-on ami avec quelqu'un qui tourne le dos à votre club ? Mais peut-on réellement considérer les supporters comme étant des amis ou est-ce seulement l'amour du club qui les lie ?

Filip Boen : « Il y a plusieurs raisons pour devenir supporter ou pour regarder le football.  L'amitié en fait partie et, bien sûr, la catégorisation des groupes facilite l’amitié avec quelqu'un de votre propre club, mais ce n'est pas une relation individuelle.  Et l'amitié au-delà des frontières du club est un peu moins évidente. Je connais personnellement peu de supporters, mais pendant le match, quiconque portant une écharpe mauve est mon ami. » Il n’est pas très difficile de supporter une équipe performante. 

Si votre équipe gagne chaque semaine et que les bons résultats s'enchaînent, soutenir celle-ci procure du plaisir.  Mais rester fidèle en cas de défaite demande des efforts et c’est là qu'on reconnaît le véritable supporter.

Nous avons tous besoin d'être connectés. Cela fait partie de notre identité et contribue en grande partie à notre bonheur. La connectivité est un besoin de se lier aux autres. Et en la matière, un groupe de supporters de football n'est pas très différent des autres groupes de la société. Et pour les supporters s'ajoute, dans une large mesure, un sentiment d'identification à leur club comme bonus.  C'est « notre » club, ce sont « nos » joueurs qui ont bien joué. C'est nous contre eux - il y a souvent une réelle aversion envers l'adversaire - et cela conduit à une puissante identification de groupe.

Les normes au sein du football ont considérablement évolué et les supporters sont maintenant placés dans des sections distinctes, ce qui renforce bien sûr encore davantage ce sentiment de « nous contre les autres ». Filip Boen : « Il est un fait que dans le football, les normes de fair-play sont moins présentes que dans le rugby par exemple, mais il existe en nous quelque chose qui nous fait déprécier les autres groupes que le nôtre, en particulier lorsque nous avons le sentiment d'avoir subi une injustice. Et en football, les "injustices" sont fréquentes. »

Si quelqu'un parle mal de votre club, vous réagissez immédiatement. Vous défendez votre club bec et ongles. Le sentiment d'identification est très profond et la frontière entre un supporter passionné et un hooligan belliqueux peut devenir ténue. Pour Filip, il demeure important que le noyau dur des supporters continue de s'opposer aux hooligans. « Bien sûr, les supporters "normaux" réagissent souvent lorsque les "hooligans" exagèrent et dépassent les normes acceptables du groupe.  Cela dépend évidemment de ce qui est considéré comme étant la norme par le groupe, mais le supporter du KV Mechelen qui a récemment effectué le salut hitlérien a clairement été unanimement condamné, y compris par les supporters du KVM eux-mêmes.  Et cela se produit également lors d'incidents moins extrêmes. » 

Il ne surprendra personne qu'il y ait également un certain nombre de fervents supporters de football parmi les employés de Decathlon. Cinq témoignages.

Grâce à un grand-père fervent supporter, Christopher Danlee est devenu fan de l'Union Saint-Gilleoise. 

Christopher a lui-même été joueur dans le club de son cœur et au terme de sa carrière, il a retrouvé l'atmosphère et l'amour du club dans les tribunes. « Joueurs et supporters ne font qu'un, la fête après une victoire mais aussi les applaudissements en cas de défaite font de l'Union Saint-Gilleoise une grande famille. » Il serait impossible de devenir supporter d'un autre club : « Nous avons du sang jaune-bleu et nous défendons la tradition d'un club familial antiraciste et antifasciste.  Je ne pense pas que je puisse retrouver cette passion dans un autre club. »

Thibaud Geerinckx est supporter de notre fierté nationale, les Diables Rouges.  "Je me considère vraiment comme un fidèle supporter et un membre du noyau dur. J'assiste à chaque match, même à l'étranger ! 

Supporter une autre équipe est tout simplement impossible pour moi. Je suis belge et le resterai jusqu'à la fin de mes jours. Pour moi, les Diables rouges sont la plus belle manière de montrer que notre pays constitue une vraie unité."