Nager dans le bonheur, ça s’apprend
Apprendre à nager à son enfant n’est pas toujours facile, et il est parfois préférable de le confier à un professionnel, car il va faire preuve d'empathie et de pédagogie nécessaires pour enseigner son savoir à vos enfants.
Maître-Nageur Sauveteur, Mathias CARDINAUD est aussi assistant chef de produits chez Nabaiji. Passionné de relations humaines, il nous donne ses bons conseils, à commencer par le premier d’entre eux : « Pep up your swim ! »
En quoi consiste la méthode des « bébés-nageurs » ?
Beaucoup de clubs utilisent cette dénomination pour des raisons marketing, comme on le ferait pour une « marque ». Cela permet de comprendre directement quel est l’objectif de l’activité. Il ne s’agit pas à proprement parler de « natation », mais bien d’une activité de développement aquatique de l’enfant. Aujourd’hui, on parle plutôt « d’éveil aquatique » pour les tout-petits, et « d’aisance aquatique » pour les plus grands. Le Conseil Supérieur Belge de la Santé (CSS) recommande cette activité pour les enfants de plus de 12 mois.
Est-ce que les bébés savent nager naturellement ?
Non, les bébés ne savent pas nager naturellement. Par contre, ils ont des réflexes archaïques de nage et d’apnée dès la naissance. Ces réflexes sont développés au cours des 9 mois passés dans le ventre de leur mère et ils les conservent jusqu’à 4 mois après la naissance.
Y a-t-il des bébés instinctivement à l’aise dans l’eau ?
Chaque enfant a un tempérament différent. Je ne suis pas expert en psychologie de l’enfant, mais je remarque qu’un enfant dont les parents aiment l’eau est souvent plus à l’aise. Avant tout, c’est la manière dont l’enfant appréhende le milieu aquatique qui compte. S’il n’a pas peur de l’eau, il est mieux disposé à explorer ses sensations et évoluera beaucoup plus vite. C’est pourquoi le « jeu » est important.
Peut-on arriver à ce qu’un enfant de moins de 5 ans qui tombe dans l’eau sache en sortir ?
C’est vers 5-6 ans que la motricité de l’enfant est suffisamment développée, et que sa coordination est suffisante pour qu’il puisse commencer à apprendre les mouvements des nages codifiées. Mais il est possible d’apprendre à un enfant de 3 ou 4 ans à flotter en planche sur le dos, et à réaliser des mouvements moteurs simples, comme les battements de jambe. Mais au bord de l’eau, un enfant doit être constamment surveillé.
Comment mettre le bébé en confiance ?
En étant à son écoute, sans le forcer. S’il préfère être dans vos bras, prenez-le. Souriez et parlez-lui d’une voix calme et reposée. Ne vous moquez évidemment jamais de lui et encouragez-le, qu’il réussisse ou non. S’il veut rester hors de l’eau, laissez-le, il apprendra quoi qu’il arrive. En voyant les autres enfants, il finira par vouloir aller dans l’eau. Sinon, proposez-lui un jeu aqua ludique hors de l’eau.
Quels conseils donnes-tu aux parents ?
Amenez régulièrement votre enfant à la piscine, même si vous n’êtes vous-même pas à l’aise dans l’eau. Ne brusquez pas votre enfant et ne l’obligez pas à avancer à un rythme qui n’est pas le sien. Si vous voulez qu’il progresse, soyez créatif : le jeu est votre meilleur allié. N’hésitez pas à utiliser du matériel pour rendre les situations ludiques. Ce sera alors plus facile pour le maître-nageur de lui enseigner les bons mouvements de natation.
Pourquoi conseilles-tu d’apprendre avec un maître-nageur ?
Enseigner la natation est un métier. Il n’y a pas que les mouvements qui sont importants dans l’apprentissage de la nage. La pédagogie utilisée doit être adaptée à l’âge et au profil de l’enfant. En plus, il se comportera différemment avec ses parents et cela ne facilitera pas l’apprentissage.
Comment t’y prends-tu lorsqu’un bébé semble avoir une peur panique de l’eau ?
La première clef, c’est la confiance. Il faut instaurer un climat de confiance entre l’adulte et l’enfant. L’idéal est de lui montrer les exercices à réaliser dans la bonne humeur. Pour les tout-petits de moins de 2 ans, le contact visuel avec au moins l’un des deux parents reste important. La deuxième clef, c’est le jeu. Rendre ludique une situation, qui est initialement angoissante pour l’enfant, permet d’inhiber la peur. Il est aussi bien sûr important d’adapter les exercices à l’enfant, sans vouloir aller trop vite.
Qu’aimes-tu particulièrement dans ton métier ?
Le côté humain, très riche. Les enfants sont spontanés et n’ont pas de filtre. J’aime leur franchise. Les adultes redeviennent de grands enfants dans l’eau, cela permet de briser la glace. Et je suis surtout heureux quand quelqu’un à qui j’ai appris à nager revient me remercier quelques années plus tard.
À quelle ressource personnelle fais-tu le plus appel ?
J’utilise surtout l’humour. Quand il faut rassurer, je le fais en aparté pour qu’il ne se sente pas en dessous du groupe. Et, j’encourage énormément pour leur montrer que je crois en eux et leur donner envie de réussir.
Quelle durée conseilles-tu pour les séances, sachant qu’ils ont du mal à se concentrer ?
L’objectif n’est pas de leur demander de se concentrer. C’est par le jeu qu’on les incitera à porter leur attention sur une tâche. Avant 4-5 ans, les séances doivent être libres et ludiques. Si la piscine n’est pas chauffée à 32°C, c’est la régulation thermique qui définira la durée d’une séance. Avant 2 ans, si l’eau n’est pas chauffée, limitez-vous à 20 minutes, suivies d’un bon goûter. Pour les plus grands, qui doivent plus se concentrer : 20-30 minutes pour un cours particulier, et 45 minutes pour un cours en groupe.
Quels accessoires utilises-tu pour les séances ?
Pour les tout petits, j’aime beaucoup conseiller la plateforme d’éveil aquatique TINOA. Confortable et ludique, elle permet au bébé de découvrir l’eau avec ses parents en étant libre de ses mouvements.
Pour les moyens qui sont en jardin aquatique, je n’hésite pas à proposer des brassards classiques ou le brassard-ceinture évolutif TISWIM qui permet dès le plus jeune âge un bon maintien des épaules. Pratique, il permet à l’enfant de découvrir les joies du saut dans l’eau sans immerger son visage. Enfin, quand il s’agit d’apprendre à nager, j’aime utiliser la ceinture évolutive. Elle est confortable pour l’enfant et permet d’adapter la flottabilité à son niveau. Pour la découverte de l’immersion, je préfère utiliser les poignées d’immersion TICRAWL qui permettent à l’enfant de descendre sous l’eau tout en conservant ses appuis terrestres. Un vrai gage de confiance ! Une fois que l’enfant est à l’aise, elles se couplent parfaitement avec les arches aquatiques AQUAWAY pour créer un parcours subaquatique. Parfait pour se lancer des défis !
Et pour le bain à la maison ?
Ici, l’environnement est moins sportif. L’on profitera de la bonne température de l’eau pour jouer à laisser couler de l’eau sur les épaules puis sur les oreilles, ou faire flotter des objets auxquels il pourra s’identifier quand il sera à la piscine.