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Existe-t-il un mode d’hébergement parfait pour mon cheval ?

Mon cheval est-il bien en prairie ? Faut-il le laisser dehors 24h/24 ? Est-il bien au box ? 

Pour vous éviter ce suspense insurmontable, la réponse est claire : non. Aucun mode d’hébergement n’est complètement parfait puisque chaque cheval aura besoin de choses différentes.

Cependant… Plusieurs éléments sont indispensables à tous les chevaux :

- une sortie quotidienne de minimum (grand minimum) 3 heures
- un accès à du fourrage en permanence
- des contacts sociaux quotidiens avec d’autres chevaux
- une protection ou un abri (artificiel ou naturel)
- de l’eau propre et accessible tout le temps

Une fois que cette checklist est bien validée, on peut rentrer dans les détails de chaque mode d’hébergement.

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La prairie 24/24 et 7/7

Il faut le dire, les mouvements orientés vers le bien-être du cheval cette dernière décennie a encouragé bon nombre de propriétaires à sortir leurs chevaux : et c’est une bonne chose.

Toutefois, comme dans tout mode d’hébergement, la prairie possède certes de multiples avantages, mais aussi des inconvénients.

Il faut d’abord s’assurer que l’entente au sein du groupe est cordiale. Des disputes incessantes, une harmonie instable, un cheval perturbateur, un cheval isolé et rejeté… Une mauvaise entente peut générer des stress très importants et il faut savoir y prêter sérieusement attention.

Par exemple :

- N’intégrez jamais les chevaux d’un coup au pré, mais dans la mesure du possible, faites une intégration progressive. L’idéal, c’est toujours de mettre le nouveau dans un paddock adjacent pour qu’ils se découvrent avec la protection d’une barrière.

- Laissez du temps, et évitez les changements trop réguliers. S’il y a eu intégration, comptez trois bonnes semaines avant stabilisation du groupe.

- Assurez-vous que chacun ait de l’espace pour brouter, s’abriter, et boire dans le pré. Plus les ressources vitales sont inaccessibles ou peu accessibles, plus cela génère de la tension. Par exemple, un unique râtelier pour un groupe de 6 risque d’empêcher certains de se nourrir, générer du stress et des disputes. Un seul abreuvoir automatique pour un grand groupe peut également empêcher les chevaux en bas de la hiérarchie de boire, puisqu’en général, les chevaux se déplacent ensemble pour leurs activités. Imaginons que le premier a fini de boire, lorsque ça sera le tour du 10ème, le premier sera peut-être déjà en train de repartir au fond de la prairie et le 10ème peut donc se sentir obligé de suivre le groupe.

En prairie 24/24, vous devez d’emblée assurer un abri à votre cheval. Qu’il soit artificiel ou naturel, il doit avoir l’option de s’abriter du vent, des mouches, du soleil ou de la pluie s’il le souhaite. De même, cette ressource doit être accessible à tous les membres du groupe.

Enfin, un hébergement en prairie peut avoir des conséquences sur le poids de votre cheval. Ceci dépend grandement des régions dans lesquelles le cheval se situe - un cheval vivant dans le Sud de la France n’aura pas les mêmes sols et prairie qu’un cheval vivant en Belgique. Par exemple, dans la moitié Nord de la France, bon nombre de chevaux vivant en prairie H24 sont en surpoids, et l’on doit régulièrement envisager de leur mettre un panier de pâturage pour limiter la casse. Ensuite, dans les régions où l’herbe est riche, on observe souvent des chevaux légèrement gonflés ou ballonnés.

Pour limiter la casse :

- Effectuez des micro rotations de parcelles
- Privilégiez toujours une herbe à épiaison (herbes hautes dont les épis sont visibles)
- Fuyez les parcelles sur-pâturées, car l’herbe étant stressée, elle est beaucoup plus sucrée
- Essayez de regrouper les gros avec les gros, les minces avec les minces : adaptez ainsi les parcelles aux besoins
- Pensez à mettre un panier de pâturage si votre cheval est en surpoids : c’est dangereux pour sa santé (notre programme nutrition peut vous aider à le déterminer)
- Travaillez votre cheval, il doit avoir une dépense énergétique s’il grossit vite !
Pour approfondir l’analyse, Hélène Roche étudie une pension prairie dans cette leçon.

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Le box comme hébergement principal

Prenons maintenant l’opposé direct de la prairie : le box. Ici, nous parlons d’un hébergement permanent au box, avec aucune sortie en dehors de la séance de travail du cheval. Cependant, soyons francs : la sortie “travail” du cheval ne constitue pas une sortie au même titre que plusieurs heures en prairie.

Malheureusement, ce mode d’hébergement est encore très fréquent, et pourtant, il possède beaucoup d’inconvénients :

- Il ne permet pas aux chevaux d’exercer leur besoin naturel de marcher librement
- Il empêche souvent les contacts sociaux avec d’autres chevaux
- Il nécessite un apport en foin permanent et c’est assez rare que les écuries le fassent réellement
- Le stress causé par l’absence de mouvement et de contact peut générer des stéréotypies
- L’absence d’ingestion de fourrage en continu peut mener à des ulcères et coliques

Ce besoin de mouvement libre est indispensable pour tous les chevaux. Cela ne veut pas dire qu’il faut complètement supprimer le box, mais garantir une sortie quotidienne de plusieurs heures. De plus en plus d’écuries, notamment de sport, adaptent cet hébergement en intégrant un petit paddock attenant, ainsi qu’en ouvrant les parois entre les chevaux, leur permettant de se toucher, de se sentir. Si c’est déjà mieux, cela ne remplace pas le mouvement libre et les interactions libres dans une prairie ou un paddock.

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Le box-prairie

Le boxe prairie, c’est un mode d’hébergement dans lequel le cheval divise son temps entre boxe et prairie. Chaque mode est variable d’écuries en écuries, mais ici, nous parlerons d’un hébergement dans lequel le cheval sort au minimum 4 heures par jour, jusqu’à 10 heures par jour pour les plus chanceux.

Ce type d’hébergement varie beaucoup dans sa description en fonction de l’écurie à laquelle on s’adresse. Parmi les pré-requis indispensables pour que cela fonctionne :

- Une sortie au minimum de 3/4 heures
- Une sortie avec d’autres chevaux, pour qu’il y ait des contacts sociaux
- Un fourrage disponible en quantité aussi bien pendant la sortie (herbe ou foin), qu’au box (foin)

Dans les régions où les prairies sont rares (au hasard : la Belgique), il est vrai que ce compromis permet aux propriétaires d’offrir à leur cheval des conditions qui se rapprochent bien plus de leurs besoins vitaux que le boxe permanent. A l’automne, et l’hiver, notamment, cela peut être un bon compromis pour limiter la détérioration des sols et donc la boue. Enfin, pour certains chevaux sensibles, ou possédant des pathologies particulières, cela peut s’avérer un confort important pour le cheval. Cela peut également permettre de limiter la prise de poids chez les chevaux qui prennent 10 kg en regardant une touffe d’herbe…

Attention ! Ce mode d’hébergement requiert les mêmes indispensables qu’un hébergement en prairie 24/24. Il faut aussi s’assurer que le cheval reçoive du fourrage en quantité pendant son temps en boxe.

Les hébérgements alternatifs

Ces dernières années, de nouveaux modes d’hébergement pour chevaux apparaissent : à la recherche d’un équilibre collant aux contraintes des humains, et aux besoins vitaux des chevaux, sont apparus les écuries actives et paddocks paradise.

Si ces modes d’hébergement contiennent de superbes promesses, il faut faire attention : comme dans tout, rien n’est parfait. En outre, il faudra bien entendu attendre les retours que ces écuries feront après plusieurs années d’exploitation, pour réaliser une analyse s’approchant réellement d’une réalité observable. En attendant, explorons ces concepts.

Existe-t-il un mode d’hébergement parfait pour mon cheval ?

Le paddock paradise

Ce concept créé par Jamie Jackson est devenu très populaire au cours des 10 dernières années. A la recherche de plus de naturel pour les chevaux, l’objectif du paddock paradise est de stimuler le mouvement, encore et encore, pour améliorer la santé, le mental et le physique des chevaux, même quand on ne bénéficie pas de centaines d’hectares de terrain.

Sans entrer dans le détail, le principe est de créer un circuit avec un couloir d’au moins 4 mètres de large au sein d’une parcelle. Le tracé peut-être classique (simplement suivre la parcelle et créer une double clôture), ou complexe en fonction de l’imagination de son créateur. On peut voir sur Internet des paddock paradise magnifiques, avec des espaces de sable, d’eau, pour créer un environnement enrichissant pour les chevaux.

Ses avantages sont multiples :

- il encourage le mouvement des chevaux s’il est bien réalisé
- son régime étant souvent basé sur le foin, cela permet un meilleur contrôle du poids du cheval
- s’il est bien réalisé, c’est un environnement stimulant pour le cheval
- il possède les mêmes avantages qu’en prairie côté contacts sociaux

Parmi les inconvénients :

- il faut impérativement avoir une partie du couloir stabilisée dans les zones humides, pour éviter d’avoir un couloir de boue l’hiver
- nettoyer les crottins quotidiennement est également important pour conserver un couloir propre
- cela demande beaucoup de main d’oeuvre, pour remplir les filets quotidiennement
- cela coûte cher à créer ainsi qu’à entretenir : entre la stabilisation nécessaire et les double-clôtures, ainsi que le foin à fournir toute l’année, cela représente un budget.
- certains chevaux peuvent se sentir oppressés par le couloir, d’autres auront besoin d’un accès à l’herbe pour maintenir leurs poids
- le trajet des pistes doit être cohérent pour les chevaux, au risque de créer des tensions

En outre, il n’est pas sûr et certain que le PP déclenche plus de mouvement que la prairie classique, à condition que les points d’intérêt soient distants les uns des autres.

L'écurie active

Ce concept très développé chez nos amis germaniques commence à se développer dans le monde francophone. L’écurie active a pour objectif de répondre aux besoins vitaux des chevaux, tout en réduisant la main d’oeuvre humaine. Le chevaux vivent dehors, en groupe, peuvent bouger, sont alimentés en continu, et possèdent des zones d’activités distinctes.

Sans entrer dans le détail, l’écurie active rejoint les volontés du paddock paradise, en mettant volontairement l’accent sur l’allègement des tâches humaines. Les chevaux possèdent des colliers avec transporteurs qui déclenchent automatiquement leur ration lorsqu’ils se présentent à la zone d’alimentation (appelée DAC). Ce système possède généralement une barrière permettant d’éviter les conflits pendant qu’un cheval s’alimente, les autres ayant une zone d’attente dédiée.
Les écuries actives sont en général complètement stabilisées avec des dalles, ce qui permet un nettoyage impeccable et donc garantir une bonne hygiène. Le contrôle de l’alimentation permet également d’agir plus efficacement sur la gestion du poids.

Leurs avantages :

- tous les avantages de la prairie et du PP (mouvement libre, contacts sociaux)
- contrôle précis de l’alimentation puisqu’elle est automatisée
- fourrage permanent
- hygiène plus grande grâce au nettoyage des dalles
- la plupart intègrent en plus des parcours style PP avec couloir de 6 mètres de large (stimule le cheval)
- certaines intègrent un pâturage tournant, donnant accès à l’herbe
- pratique pour l’humain (et il faut que les gérants d’écurie aient une vie agréable pour nos chevaux !)

Leurs inconvénients :

- la théorie du concept prévoit de mettre des dizaines de chevaux sur des surfaces assez limitées
- cela coûte cher, puisque les infrastructures demandent un grand investissement de départ
- certains propriétaires ne sont pas fans du concept du collier pour les automates

Les écuries actives possèdent tout de même beaucoup d’avantages pour des centres équestres ou des écuries dont les chevaux travaillent régulièrement, sans leur imposer un mode de vie qui nie leurs besoins vitaux.

Pour conclure...

Bien entendu, chaque région possède ses propres contraintes (foncières, météorologiques, etc.) et donc certains modes d’hébergement sont plus fréquents que d’autres. S’il n’est pas simple de trouver l’hébergement parfait, concentrez-vous sur les besoins vitaux indispensables au moment de faire votre choix.

Existe-t-il un mode d’hébergement parfait pour mon cheval ?
Existe-t-il un mode d’hébergement parfait pour mon cheval ?