DANS MES SACOCHES BIKEPACKING

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La pré-Italy Divide de Rémi Lequint

Traverser l’Italie en passant par Naples, Rome, Sienne, Florence, Bologne, Vérone,... le tout en autonomie complète et en gravel, c’est le joli défi que propose l’Italy Divide. Au programme, 1250 km et 22 000 m de dénivelé positif, des paysages incroyables, du bon vin et l’une des meilleures gastronomie au monde.

Ce défi, nous l’avons lancé à Rémi Lequint. Le 25 avril, il prendra le départ de cette épreuve à bord de notre TRIBAN Gravel RC520. Il nous explique pourquoi il a accepté de relever ce défi, les adaptations qu’il a faites sur le vélo, et la configuration de ses sacoches bikepacking. Objectif : être le plus léger possible et se focaliser sur l’essentiel.

POURQUOI L'ITALY DIVIDE ?

"Après avoir fait la Tuscany Trail l’an dernier, je sais que l’Italie se prête bien au Bikepacking et à la découverte. La Toscane avait déjà été un très bon souvenir de trip à vélo donc là depuis Naples jusqu’au Lac de Garde cela ne pourra être qu’une succession de paysages les plus grandioses les uns que les autres. Cette année avec près de 300 km de plus que sur la Tuscany, ça en fait encore plus à découvrir.

Avec une première partie dans la plaine de Campanie et du Lazio à serpenter entre la mer et les montagnes, on va attaquer ensuite les trop nombreuses collines toscanes avec le point culminant de cette première partie entre Florence et Bologne. S’en suivra ensuite près de 300 km dans la plaine du Pô avant d’utiliser les dernières forces sur une succession de deux sommets dans le Monte Baldo, et enfin sur les rives du Lac de Garde.

Je prépare l’Highland Trail 550, et j’avais prévu de faire une semaine de bikepacking cette semaine-ci. Donc quand vous m’avez proposé de participer, c’était l’occasion rêvée ! Ce sera idéal pour faire des kilomètres, tester le nouveau matériel de couchage, profiter des paysages et de la gastronomie italienne..."

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LE VÉLO

"Le RC520 Gravel a un ADN très route et, monté en roues de 700, il est très réactif et plaisant à utiliser sur route et chemin avec une limitation lorsque cela devient un peu trop technique. Même si le triangle arrière a une conception qui favorise le confort, la rigidité de l'ensemble cadre-roues-pneus le bloque un peu dans les passages techniques.

Une fois passé en roues de 650, c'est un autre vélo qui se laisse découvrir. Non seulement la taille des roues change le comportement. Il est toujours réactif, et encore plus maniable et plus joueur, il est plus tolérant sur les obstacles (bordures, irrégularités de la route, cailloux...) et sur les erreurs de trajectoires. Avec les jantes et les pneus plus larges et le tubeless, le confort s'améliore grandement, il devient moins fatiguant sur la longue distance et plus joueur sur les sentiers techniques et dans les relances, mais sans trop perdre de vitesse dans le roulant. Rien que sur le comportement, le RC520 en 650 correspond plus à ma pratique gravel. Le 700 s'apparente plus selon moi à un Allroad."

QUELS AJUSTEMENTS ?

Par rapport au vélo d'origine, j'ai fait surtout des ajustements de positions et de confort. En longue distance on n’a pas les même contraintes que sur une sortie courte (moins de 4h) ou à la journée. Je passe entre 10h et 18h par jour sur le vélo, un tout petit désagrément peut prendre des proportions extraordinaires en terme d'inconfort et de douleurs. Donc il faut bien travailler la position et le ratio.

En termes de position, je n'ai changé que la potence pour une 90mm avec l'inclinaison vers le haut. Cela rehausse le poste de pilotage pour avoir une position toujours sportive avec le buste à 45° mais plus confortable avec une meilleure répartition des appuis entre le cintre et la selle. Cela me donne une position confortable avec un bon contrôle du vélo sur les cocottes. Et quand c'est plus roulant et que je veux gagner un peu en aérodynamisme, je descends dans les drops où la position reste confortable et efficace.

Pour le confort, la guidoline a été doublée pour mieux filtrer les vibrations et diminuer les appuis sur le nerf ulnaire à la base de la main. Trop de compression sur ce nerf peut amener à avoir une perte de sensibilité dans l'annulaire et l'auriculaire et une perte de force dans toute la main. L'an dernier après la Gravel Tro Breizh je ne pouvais plus tenir une fourchette de la main droite et j'ai mis 6 mois avant de retrouver toute la sensibilité des doigts…. (!!!)

La selle d'origine du vélo est bien faite, mais pour le confort de l'assise c'est complexe de trouver la bonne selle et je ne voulais pas partir avec une selle que je n’ai pas testé sur de la longue distance. J'ai donc monté ma Brooks C13 que je connais bien et qui se déforme bien pour absorber une partie des irrégularités du terrain.

OPTIMISER LE RATIO

"Le Triban RC520 Gravel est équipé en 2x11 vitesses. La transmission en double plateau de série est en 50-34 à l'avant avec une cassette en 11-32. Après en avoir parlé avec l'équipe, vu le profil de l'épreuve, sur une répétitions de plusieurs jours et surtout chargé, nous avons décidé de tester un pédalier en 48-32 avec une cassette en 11-34. Ce qui donne un ratio juste inférieur à 1 au minimum et 4,36 au maximum. C'est surtout le ratio minimum qui m'intéresse. Sur la French Divide, j'avais un ratio trop gros au minimum, j'ai fini avec quatre tendinites. Quand on teste, on se dit qu'on peut forcer un peu, ça passe. Mais sur un effort pareil, l'accumulation fait qu'à un moment on ne peut plus forcer et qu'on aimerait bien avoir une ou deux vitesses en plus. Et sur une épreuve en tous chemins, ce n'est pas la vitesse qui va faire la différence entre les cyclistes mais le nombre d'heures en selle, il faut gérer le physique pour aller plus loin, pas plus vite, la vitesse moyenne n'a que peu d'importance surtout sur les terrains rugueux. Donc si on peut descendre le ratio, il faut le faire."

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OPTIMISER LE POIDS

"Pour le poids, le vélo à vide en plateau double avec le système électrique (dynamo, lampes, chargeur USB) est à 11,3 kg ce qui n’est pas mal du tout. En chargement, sans l'eau et la nourriture j'en suis à 5,1 kg, ce qui me donne 16,4 kg pour l'ensemble. Le poids va beaucoup influer sur l'énergie dépensée, ce qui est vrai sur le plat mais encore plus et de manière exponentielle en montée. Le pilotage va aussi être influencé par le poids, donc partant sur du tous chemins cela devient fondamental d'alléger.

C'est la philosophie même du bikepacking, s'affranchir de porte-bagages pour être plus léger avec des masses mieux réparties et rouler plus vite qu'en voyage à vélo traditionnel, plus loin, en se contentant de l'essentiel. J'en ai connu beaucoup qui partait avec trop d'équipements sur des épreuves et qui en renvoyaient par la poste en cours de route.

On dit qu'on remplit les sacoches avec nos craintes, c'est un loisir, on peut s'en passer."

LA CONFIGURATION DES SACOCHES

"Je pars sur une configuration en trois sacoches, plus une...

Sacoche de selle Revelate Design : Le couchage et la tenue chaude

Matelas
Sac de couchage
Bivy
Couverture de survie (bâche de sol ou en cas de froid intense et en cas d'accident)
Veste de pluie
Chaussettes chaudes en mérinos
Jambières mérinos
Haut mérinos à manches longues
Sous gants en soie
Caleçon pour la nuit

Sacoche de cadre Restrap :

Kit de réparation et d'entretien (outils, chambres à air, huile...)
Sac à dos compressible de 10 litres
Fourchette en titane
Trousse de toilette
Le reste de la place pour la nourriture...
Sacoche de potence Restrap :

Batterie externe
Câbles
Chargeur
Couteau avec pince
Crème solaire
Et une sacoche supplémentaire sur le cintre pour l'appareil photo (parce que l'Italie c'est beau) et le reste de la place pour la nourriture.

Pour la partie électronique, j'ai rajouté sur le vélo un circuit électrique alimenté par une dynamo moderne sur jante. Il y a une configuration "jour" avec un chargeur USB pour alimenter la batterie externe qui alimente le GPS et pour charger le téléphone et la lampe frontale au besoin. Et une configuration "nuit" où la dynamo alimente les lampes avant et arrière.

Sur moi, j'aurais ;

Un cuissard avec poche
Un short
Un jersey
Des chaussettes légères
Une casquette
Un casque avec la lampe frontale dessus"

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LE TEST

"J'ai testé cette configuration une semaine avant de partir sur un flashpacking : c'est comme le bikepacking mais au lieu d'aller explorer des contrées reculées et lointaines on va découvrir des coins à proximité de chez soi sur un délai court. C'est l'aventure au coin de la rue.

Nous sommes donc partis vers une des aires de bivouac belge à proximité de Lille en passant par les Monts des Flandres. Je tairais le nom de l'aire et le lieu car c'est aussi ça la découverte. Le parcours faisait 120 km aller-retour avec un bivouac entre-deux. Le temps de me faire au double plateau et après avoir fait un petit réglage des dérailleurs ; le passage de vitesses est fluide et offre une bonne plage d'utilisation. La configuration de couchage est optimale pour les conditions moyennes que j'aurais en Italie, il faut juste que j'évite les bivouacs en altitude.

Tout s'est bien passé, le vélo est très agréable à piloter et confortable, il y avait pas mal de chemins roulants et des petits passages en forêt en montée ou en descente. Sur ces derniers, j'ai été agréablement surpris par les freins en semi-hydraulique dont la puissance est rapidement disponible avec une bonne progressivité si on veut plus doser. Le vélo est plaisant et joueur même chargé, le test est concluant avec un montage cohérent qui correspond bien à une bonne plage d'utilisation en gravel et bikepacking.

J'ai hâte de voir ce qu'il donne en enchaînant plusieurs grosses journées !"

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