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Maladies cardiovasculaires : « Le sport, le meilleur médicament »

Maladies cardiovasculaires : « le sport, le meilleur médicament »

Comment le sport permet-il aux patients de se remettre d’une maladie cardiovasculaire ? Comment peut-il également agir en prévention ?

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Nous avons poussé les portes du service cardiologie de la Clinique Saint-Luc de Bouge (Namur). L’occasion de découvrir comment le sport permet aux patients de se remettre d’une maladie cardiovasculaire, mais aussi comment il peut éviter les accidents cardiaques.

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Maladies cardiovasculaires : « Le sport, le meilleur médicament »

Au centre de revalidation cardiaque de la clinique saint-luc (bouge)

« un effet bénéfique sur les neuf facteurs de risque »

Le centre de revalidation cardiaque de la Clinique Saint-Luc de Bouge est un des plus grands de Wallonie. Le Dr. Christophe Laruelle, cardiologue revalidateur (photo ci-contre), nous explique sa raison d’être. « Nous proposons à tous les patients qui ont eu un accident cardiaque de participer à un programme de réentraînement à l’effort. Notre équipe est pluridisciplinaire : elle regroupe deux psychologues, deux diététiciennes, six kinés, une assistante sociale et deux médecins revalidateurs. » Pendant leur hospitalisation, les patients bénéficient d’une première revalidation progressive, encadrés par l’équipe. Ce suivi se poursuit idéalement pendant 6 mois, à raison de deux séances d’1h par semaine. « Je dis toujours que le sport est le meilleur médicament, poursuit le Dr. Laruelle. On sait que l’exercice physique va avoir un impact positif sur le remodelage du ventricule gauche, la qualité des artières, la stabilité du tissu électriques du coeur… L’exercice physique a aussi un effet bénéfique sur les 9 facteurs de risque qui expliquent 90% des infarctus.»

Les 9 facteurs de risque cardiovasculaire :

- Antécédents familiaux
- Stress
- Tabac
- Sédentarité
- Obésité abdominale
- Alimentation (manque de fruits et de légumes)
- Diabète
- Cholestérol
- Hypertension

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Réentraîner son coeur à l'effort ?
oui, mais pas n'importe comment

« on est des régulateurs »

Après un accident cardiaque, les patients sont donc invités à passer par la case « salle de réentraînement à l’effort ». « On y va très progressivement, explique le kiné Thibaut Titeca (photo), qui supervise les séances. On doit tenir compte du cas médical de chaque patient. » La revalidation est donc progressive et surveillée en fonction de la classification des risques. Chaque patient a droit à 45 séances. « Des séances d’1h pendant lesquelles on travaille le renforcement musculaire et l’endurance, poursuit Thibaut Titeca. Pour le renforcement, après 10 séances on calcule leur charge maximale et on travaille à 70 % de celle-ci. En endurance, dans les premiers mois, on ne dépasse pas de plus de 30 pulsations la fréquence cardiaque au repos. Ensuite, on procède à un test à l’effort. En fonction de leur cas médical et de leur condition physique, on connaît leur fréquence cardiaque idéale de travail de chaque patient. »

Les patients à plus faible risque - souvent plus jeunes - pourront reprendre plus rapidement (après 10 séances surveillées minimum) une activité sportive seuls. « Chez eux, avec l’équipe pluridisciplinaire, on aura plutôt un rôle éducatif, estime Thibaut Titeca. Notre rôle sera de leur faire prendre conscience qu’ils doivent agir sur les facteurs de risque (voir ci-dessus) pour éviter la récidive. On doit faire en sorte que les patients travaillent plus ou mieux qu’avant, en fonction de leur nouvel état cardiaque. »

Les kinés du centre sont des régulateurs. « On doit freiner certains patients, on doit en stimuler d’autres. La plupart des patients, quand ils arrivent en fin de revalidation, se demandent pourquoi ils ont attendu si longtemps pour faire du sport. Ils prennent souvent du plaisir. Mais nous devons rester réalistes. Seuls 25 à 30 % des patients continuent une activité physique après leur revalidation cardiaque.»

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Quels sports pendant et après la revalidation ?

« ce qui est très important, c'est la manière »

L’important, c’est de pratiquer un sport que vous aimez, nous a confié le Dr. Nada Lakiss(photo ci-contre). C’est ce qui vous permettra d’y adhérer sur le long terme. Comme on l’a déjà vu, il est également important de ne pas y aller trop vite ou trop fort.
« Tous les sports sont conseillés, indique le Dr. Nada Lakiss, cardiologue revalidatrice à la Clinique Saint-Luc de Bouge. Il est en effet important de pratiquer un sport que l’on aime bien. Mais les quatre sports qui ont montré leur efficacité au niveau du coeur et du système cardiovasculaire sont la marche à pied, la course à pied, le vélo et la natation, notamment chez les patients diabétiques.»

Chaque cas médical est différent, bien sûr. Certains pourront retravailler à haute intensité, d’autres moins. Il est surtout important de connaître ses limites et d’être suivi régulièrement.
« Du moment que le patient fait du sport, c’est bien. Et ce qui est aussi très important c’est la manière avec laquelle le patient va le faire, poursuit le Dr. Laruelle. A priori, on privilégiera les sports d’endurance, sans contact et sans compétition. Mais si quelqu’un aime beaucoup le tennis ou le ping-pong, il n’y a pas de problème. Jouer les Remco dans un groupe de cyclos, c’est plus mauvais que le tennis, or on dit que le vélo est un sport d’endurance. Encore une fois ce qui compte, c’est la manière, en fonction de son état cardiaque.»

Le sport est primordial en revalidation. Mais le mieux est encore d’en pratiquer en prévention.
« Des études ont montré que chez les personnes de 50-55 ans, la pratique du sport diminue le risque de maladie cardiovasculaire de 30 à 45 %, explique le Dr. Lakiss. Il est important de faire du sport quand on est enfant car c’est à ce moment-là que les muscles se développent. Mais dès 50 ans, c’est indispensable. Le minimum recommandé pour la prévention cardiovasculaire, c’est 30 minutes d’activité physique trois à quatre fois par semaine.»

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Cinq questions au cardiologue christophe laruelle

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1. Tous les sportifs doivent-ils faire un bilan cardiaque ?

« Chez les sportifs asymptomatiques qui pratiquent au moins 6 à 10 heures de sport par semaine, un dépistage chez le médecin traitant est conseillé. Et c’est le médecin traitant qui dirigera éventuellement le sportif vers un cardiologue ou un pneumologue. Si on a mal à la poitrine, des palpitations ou des difficultés à respirer pendant l’effort, alors oui il faut aller consulter, même si on ne fait qu’une heure de sport par semaine.»

2. Est-il possible de faire diminuer sa fréquence cardiaque ?

« Celle-ci est génétiquement déterminée. Des gens ont une fréquence cardiaque élevée, d’autres une fréquence cardiaque basse. Si vous avez une fréquence de 85 bpm au repos, on ne va pas vous promettre de vous retrouver à 65 bpm en faisant du sport deux fois par semaine. Il y aura un léger trend de diminution en faisant du sport. Mais le plus important, que vous ayez une fréquence basse ou élevée, est que vous aurez moins de risque de faire de l’arythmie cardiaque en faisant du sport. »

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3. À partir de quel âge est-il conseillé de faire un dépistage cardiaque ?

« À partir de trois facteurs de risque sur neuf, il faut le faire dès 45 ans. »

Pour rappel, les neuf facteurs de risques sont : les antécédents familiaux, le stress, le tabac, la sédentarité, l’obésité abdominale, l’alimentation (manque de fruits et légumes), le diabète, le cholestérol, l’hypertension.

4. Un bon sommeil permet-il de prévenir les risques de maladies cardiovasculaires ?

« C’est une bonne question. On sait que les patients qui font des troubles du sommeil, entre autres des apnées du sommeil, sont à haut risque d’événements cardiovasculaires. Parce que les apnées du sommeil favorisent l’hypertension, la fibrillation auriculaire, la décompensation cardiaque, les maladies artérielles… La qualité du sommeil est très importante. Historiquement, ce sont plutôt les neurologues et les pneumologues qui se sont penchés sur le sujet.»

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5. Femmes et hommes sont-ils égaux face aux maladies cardiovasculaires ?

« C’est un grand débat. On pensait que l’infarctus n’arrivait que chez les hommes de 50 ans, fumeurs et avec un gros ventre. Mais les femmes meurent tout autant si pas plus de maladies cérébrovasculaires. Les femmes ont une histoire cardiaque plus difficile que les hommes pour plusieurs raisons. D’abord, elles ont souvent plus de facteurs de risques. Leurs symptômes sont plus sournois et atypiques, ce qui fait qu’elles sont souvent prises en charge plus tard. Les opérations sont également plus difficiles chez les femmes, leurs artères étant plus fines. Et puis, leur revalidation cardiaque est plus compliquée. Elles doivent s’occuper de leurs enfants, de leur mari, ont deux boulots. Du coup, souvent, elles ne participent pas aux séances de revalidation. C’est pourquoi on insiste beaucoup auprès d’elles. Quand on a autant de femmes que d’hommes en revalidation, on est toujours content. Mais souvent, on n’en a qu’un tiers ou un quart.»

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