Jeune femme consommant de la nutrition sportive en courant

Que manger avant d'aller courir ? Les bonnes pratiques à adopter.

“Faut-il manger avant d’aller courir ?”, “quels aliments faut-il consommer avant une course ?”, etc. On vous éclaire !

Au quotidien, la composition de notre assiette avant d’aller courir est un sujet à ne pas négliger si l’on souhaite performer ou tout simplement mettre toutes les chances de notre côté pour passer un bon moment de course à pied. Alors quand il s’agit de bien manger avant une compétition, on mesure plus encore le rôle clé joué par l’alimentation. Avec l’aide de Fabrice Jeandesboz, diététicien-nutritionniste et ancien cycliste professionnel, nous faisons le tour des bonnes pratiques à adopter, histoire que vous maîtrisiez la nutrition avant une course, puissiez comprendre les bienfaits de vos plats pré-effort et concocter ces derniers avec plaisir (tout en évitant les problèmes digestifs, bien sûr) !

Combien de temps avant une compétition (10 km, semi-marathon, trail, etc.) faut-il commencer à faire attention à son alimentation ?

➡️ Deux jours avant votre course

👟 Pour une course supérieure à une heure d’effort :

Deux jours avant votre objectif sportif, nous vous conseillons d’effectuer une surcharge en glycogène*. Autrement dit, il vous faut augmenter considérablement votre apport glucidique, à raison de 1,5 à 2 grammes par kilogramme de poids à chaque repas (petit-déjeuner, déjeuner, collation, dîner) pour des distances telles que le 10 km (si vous courez à moins de 10 km/h), le semi-marathon, le marathon, voire au-delà. “Lors d’un repas, rien ne sert de consommer plus de 2 grammes de glucides par kilogramme de poids, et ce, même si vous préparez une ultra distance. En effet, notre stock en glycogène est limité (le foie peut stocker 10 % de son poids en glycogène, et les muscles jusqu’à 2 % de leur poids, ndlr)”, indique le diététicien-nutritionniste.

*“Glucide constitué de très longues chaînes ramifiées de molécules de glucose, formant la principale réserve de glucose de l'organisme.”, cf. Larousse.

👟 Pour une course inférieure ou égale à une heure d’effort :

Pour un effort inférieur ou égal à une heure, vous pouvez limiter le remplissage de votre stock de glycogène à 1 à 1,5 gramme par kilogramme de poids à chaque repas, et ce, deux jours avant votre échéance sportive.

👟 Dans tous les cas :

Si vous craignez de prendre quelques kilos, sachez qu’1 gramme de glycogène étant stocké avec 3 grammes d’eau, une prise de poids de l’ordre d’1,5 à 2 kilogrammes est tout à fait normale - et même rassurante - à cette période-là. “Et puis, ce n’est pas en deux jours que l’on augmente sa masse graisseuse”, nous rassure Fabrice. 

➡️ Deux semaines avant votre course

Lors des deux semaines qui précèdent votre objectif, Fabrice conseille d’effectuer une cure de 5 grammes de glutamine par jour. “La glutamine est un acide aminé aidant à la reconstruction musculaire et permettant l'intégrité de la muqueuse intestinale afin de prévenir une potentielle fragilité de votre système intestinal ainsi que d’éventuels troubles digestifs”.

➡️ Lors de tous vos entraînements

Nous vous recommandons de bien vous hydrater en buvant un minimum de 500 ml d’une eau couplée à de la poudre énergétique par heure d’effort, ainsi que de vous alimenter en consommant un aliment par heure également. N’oubliez pas : chaque séance (et encore plus une sortie longue) est une occasion de peaufiner votre stratégie nutritionnelle de course afin d’entraîner votre estomac et vos papilles à recevoir les apports énergétiques dont votre organisme a besoin pendant l’effort. Aussi, il est primordial de ne rien tester le jour de votre compétition. Qu’il s’agisse de matériel ou de nutrition, TOUT doit avoir été validé en amont. Fabrice est d’ailleurs clair sur ce point : “les sportifs fonctionnent beaucoup par repères : s’ils changent quelque chose - dans leur alimentation par exemple - avant une course, le doute s’installe et toute la faute sera alors remise sur ce facteur-là si jamais le résultat escompté n’est pas au rendez-vous. Aussi, pour conserver leur bien-être psychologique, il est important qu’ils gardent leurs habitudes”.

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Bol de fromage blanc, flocons d'avoine et fruits rouges

Quelques idées de repas à adopter la veille d'une course (et deux jours avant)

➡️ Pour une personne de 50 kilogrammes :

Petit-déjeuner :

- 140 grammes de produits céréaliers (pain ou avoine*)
- 20 grammes de miel, ou de sirop d’agave/d’érable, ou de confiture
- 10 grammes de beurre, ou 15 grammes de purée d'amandes/de beurre de cacahuète, ou un demi-avocat
- Un fruit
- Un œuf ou 50 grammes de jambon

Déjeuner :

- Une portion de viande ou de poisson
- 300 grammes cuits (100 grammes crus) de féculents
- Légumes
- Une tranche de pain
- Un fruit

Collation :

- 30 grammes de produits céréaliers (pain ou avoine*) ou une crêpe
- 10 grammes de miel ou de sirop d’agave/d’érable
- Un fruit

Dîner : 

- Une portion de viande ou de poisson
- 350 grammes cuits (115 grammes crus) de féculents
- Légumes
- Un yaourt

➡️ Pour une personne de 70 kilogrammes :

Petit-déjeuner :

- 200 grammes de produits céréaliers (pain ou avoine*)
- 30 grammes de miel, ou de sirop d’agave/d’érable, ou de confiture
- 10 grammes de beurre, ou 15 grammes de purée d'amandes/de beurre de cacahuète, ou un demi-avocat
- Un fruit
- Deux œufs ou 100 grammes de jambon

Déjeuner :

- Une portion de viande ou de poisson
- 350 grammes cuits (115 grammes crus) de féculents
- Légumes
- 60 grammes de pain
- Un fruit

Collation :

- 50 grammes de produits céréaliers (pain ou avoine*) ou une crêpe
- 15 grammes de miel ou de sirop d’agave/d’érable
- Un fruit

Dîner : 

- Une portion de viande ou de poisson
- 400 grammes cuits (130 grammes crus) de féculents
- Légumes
- Deux tranches de pain
- Un yaourt

➡️ Pour une personne de 90 kilogrammes : 

Petit-déjeuner :

- 240 grammes de produits céréaliers (pain ou avoine*)
- 40 grammes de miel, ou de sirop d’agave/d’érable, ou de confiture
- 10 grammes de beurre, ou 15 grammes de purée d'amandes/de beurre de cacahuète, ou un demi-avocat
- Un fruit
- Deux œufs ou 100 grammes de jambon

Déjeuner :

- Une portion de viande ou de poisson
- 450 grammes cuits (150 grammes crus) de féculents
- Légumes
- 60 grammes de pain
- Un yaourt
- Un fruit

Collation :

- 60 grammes de produits céréaliers (pain ou avoine*) ou deux crêpes
- 15 grammes de miel ou de sirop d’agave/d’érable
- Un fruit

Dîner : 

- Une portion de viande ou de poisson
- 450 grammes cuits (150 grammes crus) de féculents
- Légumes
- 60 grammes de pain
- Un yaourt
- Un fruit

*Les flocons d’avoine sous forme de porridge sont parfaits : laissez-les tremper dans votre boisson végétale et mettez-les au frigo la veille au soir. De cette manière, un pré-travail est effectué pour l’estomac, ce qui les rend encore plus digestes.

Que faut-il éviter de manger avant une course ?

En tant que coureur·euse, vous pouvez opter pour certains aliments favorisant à la fois un plein d’énergie - via le remplissage de votre stock de glycogène - et votre bien-être digestif. Au contraire, il est préférable de ne pas consommer certains aliments avant une course. Voici donc une liste des aliments qu’il vous faut mieux éviter avant votre objectif sportif et par lesquels il vous est possible de les remplacer : 

Abstenez-vous au maximum de consommer des aliments riches en fibres tels que les pâtes complètes (ou les céréales complètes), le riz complet, le pain complet, la patate douce, etc. au profit de pâtes blanches, de riz basmati, de pain blanc, ou encore de pommes de terre. En effet, moins digestes que les produits raffinés, les produits complets mettent le système digestif à rude épreuve lorsqu’ils sont couplés aux vibrations induites par la course à pied.

Évitez les légumes crus (concombres, tomates - oui, c’est vrai : la tomate est un fruit ! - etc.) et privilégiez les légumes cuits pauvres en fibres (haricots verts, courgettes, carottes, etc.).

Dites non à la charcuterie et à la viande rouge, riches en toxines, et tournez-vous vers la viande blanche ou les poissons blancs ou gras.

Esquivez les sauces, la crème fraîche, etc., lourdes à digérer. Préférez des matières grasses crues telles que l’huile ou le beurre.

Faites attention aux produits laitiers d’origine animale, et optez pour des produits d’origine végétale (jus d’amandes, de soja, de riz, etc.).

Veillez à la qualité de votre eau gazeuse. En effet, certaines sont riches en sel et peuvent favoriser la rétention d’eau.

Enfin, le fait de répartir la charge glucidique sur les deux jours qui précèdent le jour J permet d’éviter la fameuse Pasta Party de veille de course ! “Vous savez, celle après laquelle on digère mal et où on trouve difficilement son sommeil (encore plus difficilement qu’une veille de course classique)”, plaisante, à demi-mot, Fabrice.

Pourquoi faut-il petit-déjeuner le matin d'une course ?

Si de nombreux·euses coureur·euses sont adeptes de l’entraînement à jeun (pratique qui présente ses avantages et ses inconvénients, pourvu qu’elle soit modérée et bien menée), il n’en demeure pas moins que vos repas quotidiens fournissent à votre organisme les réserves d’énergie dont il a besoin pour fonctionner correctement

On imagine donc aisément combien les bienfaits d’un repas d’avant course sont décuplés, puisqu’en plus de remplir ses fonctions vitales, votre organisme est également largement sollicité par l’effort auquel il est soumis. “Apporter suffisamment d’énergie à notre organisme permet de prévenir la perte d’énergie qui survient pendant l’effort. En plus, lors d’une compétition, l’euphorie ou l’objectif de performance font que nous allons généralement plus vite qu’à l’entraînement, faisant ainsi monter notre cardio plus haut ; or, plus le rythme cardiaque est élevé, plus la consommation de glucides par l’organisme est, elle aussi, élevée”, raconte Fabrice.

Apporter suffisamment d’énergie à notre organisme permet de prévenir la perte d’énergie qui survient pendant l’effort. En plus, lors d’une compétition, l’euphorie ou l’objectif de performance font que nous allons généralement plus vite qu’à l’entraînement, faisant ainsi monter notre cardio plus haut ; or, plus le rythme cardiaque est élevé, plus la consommation de glucides par l’organisme est, elle aussi, élevée

Bananes posées sur une table

Faut-il manger une banane avant d'aller courir ? Qu'est-ce que ce fruit peut-il nous apporter ?

Vous vous en doutez, manger une banane avant d’aller courir n’a rien d’obligatoire. Toutefois, parce que ce fruit présente de nombreux avantages dont il serait dommage de vous priver, le consommer est une bonne option à considérer, comme en témoigne Fabrice : “la banane apportant environ 30 grammes de glucides, elle est idéale pour augmenter ses apports glucidiques avant une course à pied. En plus, quand elle est bien mûre, elle se digère très bien”. Et si vous n’avez pas d’appétence particulière pour ce fruit, le diététicien-nutritionniste propose d’opter pour une compote, “plus digeste qu’un fruit entier puisque les fibres ont été cassées”, ou encore une pomme, dont les fibres solubles font qu’elle se digère mieux.

Zoom sur la boisson d'attente

Avant le départ de votre course, nous vous recommandons de boire une boisson d’attente. “Le dernier repas avant une épreuve sportive ayant généralement lieu trois heures avant le départ, la boisson d’attente a pour vocation d’apporter de nouveau de l’énergie aux coureur·euses”, explique Fabrice. Celle-ci est constituée de 500 ml d’eau, de 20 grammes de maltodextrine, ou encore de deux cuillères à café (ou d’une bonne cuillère à soupe) de miel ou de sirop d’agave (ou d’érable). Veillez également à y ajouter une pincée de sel pour prévenir la future perte en sodium via la transpiration, ou une pastille d’électrolytes (contenant du sodium, du magnésium, du potassium, et du calcium). À savoir que les 500 ml de votre boisson d’attente doivent être bu en petites gorgées à compter d’une heure et demie avant le départ de votre épreuve, et ce, jusqu’à ce dernier.

PS : n’oubliez pas de passer aux toilettes avant le coup d’envoi de votre compétition !

Combien de temps faut-il courir après un repas ?

“Si en vélo, manger deux heures avant le départ suffit, en course à pied, je conseille généralement de prendre son dernier repas trois heures avant ce dernier. En effet, à cause des vibrations, la digestion s’effectue moins bien”. Fabrice précise cependant que ce conseil s’applique pour un repas décrit dans la seconde partie de cet article. “Le gâteau sport, lui, peut être consommé en trois fois : 1h30, 1h, et 30 minutes avant le départ d’une course”. Spécialement conçu pour des épreuves qui ont lieu de bonne heure, le gâteau énergétique permet de manger au dernier moment et de ne pas se lever trop tôt. Il possède un indice glycémique plus haut et est donc plus rapidement assimilé par l’organisme. “C’est pour cette raison qu’il ne doit pas être dégusté trop longtemps avant le départ : son indice glycémique élevé induit que la faim revient plus rapidement”, précise le diététicien-nutritionniste.

Pour celles et ceux que le gâteau sport ne fait pas rêver, nous vous recommandons d’opter pour du riz, plus digeste que des pâtes, du pain blanc, ou encore des flocons d’avoine. Par ailleurs, dans l’optique de faciliter votre digestion, il est essentiel que vous mangiez de petites portions que vous preniez le temps de bien mâcher.

Bien manger avant d’aller courir n’a rien de compliqué, ce qui l’est davantage, c’est d’identifier les ingrédients de votre propre “recette miracle”… Eh oui, il n'y a pas de règles, ce qui convient à un·e coureur·euse ne convient pas nécessairement à un·e autre… Ah, les goûts et les couleurs !

Aussi, si nous avions un dernier conseil à vous donner, ce dernier serait de tester au maximum votre alimentation avant une échéance sportive en veillant à bénéficier d’un apport suffisant en glucides. Il y aura probablement des ratés, mais après tout, il est tout de même préférable de découvrir quels aliments conviennent à notre organisme avant une course, plutôt qu’au cours de celle-ci, pas vrai ?

Portrait de Manon, rédactrice

Manon

Rédactrice 

Fille, sœur, et compagne de cyclistes. Traileuse* élevée en plein air, à l'école du sport. Particule ultra* en cours d'acquisition. Marathonienne et championne de France Junior 2013 du 10 000 mètres marche athlétique. Mordue d'histoires de sportif·ves.